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Fermeture du Camp (La vie du Camp)
(Archives de Loire-Atlantique) document 43 W 157
15 mai 1942
Lettre du sous-préfet de Châteaubriant au préfet de Loire-Inférieure
Rendant compte de la fermeture des camps de Choisel et de la Forge
Ce document confirme que l’on pouvait trouver dans les camps d’internement de Vichy toutes les catégories d’ « indésirables » possibles. Choisel a été pour quelques juifs étrangers une étape sur une route qui conduisait par Pithiviers vers Compiègne et les camps d’extermination. Ce document confirme aussi un autre fait de ces temps de Collaboration, la bureaucratie, les administrations françaises, chacune à son niveau et à sa place, participent au processus d’exclusion, chaque maillon se félicite même de son efficacité. Les protestations publiques face à ce mécanisme ont été très rares, la peur de l’enfermement a sans doute été le moyen le plus efficace d’imposer le silence.
Voici ce que dit cette lettre :
à Monsieur Le PREFET de la LOIRE-INFERIEURE
Cabinet du Préfet - 15 mai 1942
Conformément aux instructions de M. le Préfet Régional d’ANGERS que vous avez bien voulu me transmettre par lettre en date du 24 avril et à la note de la Feldkommandantur de Nantes en date du 16 avril, prescrivant le transfert du camp de communistes de Châteaubriant sur Vôves, j’ai l’honneur de vous rendre compte, ci-dessous, que les camps de Choisel à Châteaubriant, et de la Forge à Moisdon-la-Rivière, ont été libérés de leurs occupants, ainsi qu’il avait été demandé, avant le 15 mai 1942.
Je vous rappelle, ci-dessous, les différentes étapes de ce transfert dont le détail vous a été indiqué, au fur et à mesure, par mes rapports successifs en date des : 2 mai, 7 mai, 8 mai, 11 mai, 12 mai et 14 mai.
Pour mémoire, ce transfert a été exécuté à la date du :
1er mai - pour les internés indésirables hommes, dirigés sur le camp de ROUILLE (Vienne)
4 mai - pour les Juifs Etrangers, dirigés sur le camp de PITHIVIERS
7 mai - pour les internés politiques hommes, dirigés sur le camp de VOVES (Eure-et-Loir)
9 mai - pour les internés « marché noir », dirigés sur le camp de GAILLON
11 mai - pour les femmes, politiques et indésirables, dirigées sur le camp d’AINCOURT
13 mai - pour les nomades, dirigés sur le camp de MULSANNE (Sarthe)
Aucun incident ne s’est produit au cours de ces différents transports dont l’exécution a été assurée d’une façon parfaite par la collaboration du Chef de camp M. MOREAU, puis par son gestionnaire, M. BRELLIER qui l’a remplacé dès son installation à VOVES, des Officiers de Gendarmerie notamment du Capitaine BITEAU et du Lieutenant PANA, détachés au camp, du Lieutenant BROUSTAL, Commandant la section de Châteaubriant, tous trois sous la haute autorité du Commandant LE COMTE, de M. LE DU, Commissaire de Police, et des agents de la S.N.C.F. en particulier, M. RAULT, Inspecteur Principal Adjoint à l’arrondissement, M. AVRILLON, Chef de Gare à Châteaubriant, M. DOUCET, Inspecteur de l’Exploitation à Châteaubriant.
Ainsi que j’ai eu l’honneur de vous en rendre compte, en temps utile, je me suis mis d’accord avec M. le Docteur FAIVRE, Médecin-Inspecteur de la Santé, pour assurer la désinfection des camps. Celle-ci est complète au camp de Choisel et est en voie d’exécution au camp de la Forge.
Tout le matériel a été évacué du camp de Choisel et un certain nombre de lits à monture en bois et à treillage métallique ont été stockés par M. le Maire de Châteaubriant, aux Etablissements Huard et à la Gare des Tramways. Ces lits pourraient être utilisés au cas où la région aurait à recevoir des réfugiés de St-Nazaire. Le nombre de places disponibles est d’environ 700.
J’ajoute que ce matin, 15 mai à 9h, les Autorités Allemandes ont pris possession du camp de Choisel.
En ce qui concerne le camp de Moisdon-la-Rivière dont le nettoyage et la libération au point de vue du matériel seront terminés dans la journée de demain, 16 mai, aucune affectation n’en a été faite à ce jour.
Signhé : Le Sous-Préfet
P.S. Par téléphone, l’Ortskommandantur de Châteaubriant m’avise qu’elle a reçu de la Feldkommandantur de Nantes une lettre dans laquelle il est indiqué que les Autorités Allemandes s’opposent à ce que le camp de Moisdon-la-Rivière puisse être utilisé comme colonie de vacances. Cette interdiction serait fondée sur des raisons d’hygiène.
Le fusil mitrailleur, les 18 mousquetons et les cartouches correspondantes qui avaient été mis à la disposition des gendarmes assurant la garde du camp ont été rendus, en temps utile, à la Gendarmerie.