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Témoignages - Liliane et Jean se souviennent
Liliane et son frère Jean, qui ont "vécu" dans le camp avec les Tsiganes en 1941-1942, sont revenus pour la première fois à la Forge Neuve de Moisdon-la-Rivière le samedi 28 février 2009...
Liliane et son frère Jean
Liliane et Jean retrouvent une partie de leur enfance

Liliane et Jean visitent une partie du Camp
Liliane et Jean se promènent à travers les restes du Camp

Voici une partie du témoignage de Liliane, texte qu'elle a écrit à sa fille, pour ne pas que l'on oublie, et pour assimiler ce triste souvenir !
Ce texte, diffusé avec l'accord de Liliane, va certainement évoluer quand nous aurons revu le film tourné lors de cette visite...
"En 1939, nous habitions entre MAUVES et le CELLIER. En septembre de cette même année, les Allemands ayant fait escale dans le coin, nous allions mon frère, Jean (né le 28 août 1935) et moi, (Liliane née le 05 avril 1934) chercher de la nourriture à leur cantine. Nos parents (Marie-Louise ABELARD née le 27 Mai 1910 et Jean STEPHAN né en 1894) ne travaillaient pas, c’était la misère complète.Puis le 10 Décembre 1939, à l'Hôtel Dieu de NANTES, c'est la naissance de notre petit frère Yves.
Nous sommes donc, mon frère Jean et moi, placés dans un institut de bonnes sœurs pendant 1 mois, mais séparés (les garçons d’un coté, les filles de l’autre). Quand nous sommes sortis de cet institut, je pense que nous avons rejoint notre mère à CHOLET, mais pour très peu de temps, car nous sommes retournés entre MAUVES et LE CELLIER. Nous habitions en face d’une ferme, tenue par des gens très gentils qui nous aidaient à vivre. Leur nom de famille ? GUERIN. Il y avait deux filles, Adèle et Léa. C’est Adèle qui fut la marraine de notre petit frère Yves et un certain Yves BAHUAUD le parrain. Je crois qu’il tenait un café à MAUVES...

Mais la guerre était là et notre père nous a abandonné par peur d’être envoyé en Allemagne pour travailler. Notre mère s’est donc retrouvée seule avec 3 enfants. Les détails sont un peu flous, j’avais 5 et ½ ans. Mon père avait 16 ans de plus que ma mère – à cette époque il avait 45 ans et elle, 29 ans.
Je me souviens que quelques temps après, un monsieur est venu vivre avec nous, un "manouche", ZOURKA, c’est comme ça qu’on l’appelait. Au printemps 1941, (je ne suis pas sûre de la date), nous sommes partis avec ZOURKA rejoindre sa famille à ERDEVEN en Bretagne), pas très loin de LORIENT. Nous vivions en caravane (je pense qu’il faudrait plutôt dire roulotte) (triste séjour !). Maman vendait des dentelles et des boutons dans les fermes environnantes car elle avait un carnet de forains. Je ne me souviens pas de la durée du séjour à ERDEVEN.
Nous sommes ensuite revenus à VEZINS près de CHEMILLE (Bastien, un frère de ma mère habitait VEZINS), avec le fameux ZOURKA et une fille nommée MANDARINE. Elle devait avoir environ 16 ans ou un peu plus, je ne sais pas. Etait-ce sa fille ? Sans doute oui...

Entre SEPTEMBRE et NOVEMBRE 1941, nous sommes partis faire les vendanges à RABLAY SUR LAYON en laissant Yves, qui avait 2 ans chez le tonton (Bastien) à VEZINS. Les vendanges terminées, nous sommes revenus à VEZINS où le tonton nous avait trouvé une maison. Suite à une enquête, les gendarmes sont venus chercher ZOURKA et MANDARINE. Je ne sais pas où ils ont été transférés. Les gendarmes ont demandé à notre mère où était son mari, et comme elle ne le savait pas, ordre leur a été donné, d’interner tous les gens du voyage. Nous ne faisions pas partie de la communauté des gens du voyage, mais c’est la carte de forains que possédait ma mère qui a tout déclenché. Si mon père s’était manifesté, nous serions restés à VEZINS.
Les gendarmes de VEZINS nous ont donc emmené à MOISDON LA RIVIERE au camp des Forges !

En NOVEMBRE 1941, nous sommes donc arrivés, ma mère, mes 2 frères et moi à MOISDON LA RIVIERE. J’avais 7 ans, Jean 5 ans et Yves 2 ans (petit frère aujourd'hui décédé...). Je pense que ce séjour a duré 4 mois environ. Nous y avons passé tout un hiver de Novembre 1941 à Mars ou début Avril 1942. Nous étions très mal nourris, la gamelle de soupe très claire et une portion de pain sec… Et la vermine en plus. Je ne me souviens pas de violences mais beaucoup de querelles entre gens du voyage.
Nous vivions à 4 familles dans la même pièce, sans chauffage. Les hommes allaient couper des sapins (encore verts) car les alentours étaient boisés, mais il y avait plus de fumée que de braise. Nous couchions sur des matelas de paille. Nous sortions très peu à l’extérieur de cette pièce.
Je me souviens que ma mère a reçu une chaussure au front (jalousie de femmes car ma mère n’avait pas de mari ???).
Le tonton (Bastien) et sa femme (Germaine) de VEZINS nous adressaient des colis et un peu d’argent car à l’intérieur du camp il y avait du marché noir pour acheter du pain. Ma mère allait écrire des lettres dans les maisons (si on peut appeler cela "maison") pour les familles des "manouches". Certaines familles lui donnaient quelques pièces (10 sous je crois), d’autres rien, ou la mettaient à la porte. Pendant ce temps le tonton et la tante mettaient tout en œuvre pour nous sortir de ce camp mais ce n’était pas facile. D’après ma cousine Suzanne, ils n’ont pas versé d’argent pour que l’on sorte.

MARS ou AVRIL 1942, ENFIN LA LIBERTE !
Je revois cette grande grille, je ne sais pas si c’était les Allemands ou les gendarmes Français :
"Dépêchez-vous de partir, allez dépêchez-vous !!!!!!!. Maman venait d’acheter un gros pain, et nous voilà sur la route. Un paysan avec un tombereau nous a fait monter en haut du chemin et nous laissa sur la route plus loin. Beaucoup de marche à pied, pas le souvenir d’avoir pris le train. Nous voilà arrivés à CHOLET chez la sœur de ma mère (tante Héloïse) qui n’a pas voulu nous héberger vu notre état. Donc retour à VEZINS chez le tonton Bastien, qui nous a pris en charge, comme convenu avec les autorités.

Le tonton nous a trouvé une maison à CHEMILLE, rue des Coteaux. A CHEMILLE il y avait du travail (cueillette des plantes médicinales). Nous étions suivis par une assistante sociale et nous allions un peu à l’école, malheureusement pas régulièrement, la cantine était gratuite. Les Allemands étaient toujours présents, nous étions en 1942, mais j’en passe..."
Liliane STEPHAN

Nous avons eu la chance, et l'honneur de rencontrer Liliane et Jean ce samedi 28 février 2009. Ils étaient accompagnés de la fille de Liliane, Sylvia, et de la femme de Jean.

Liliane et son frère Jean
Des souvenirs doivent sûrement revenir...

Date de création : 05/04/2009 @ 15:35
Dernière modification : 13/08/2011 @ 09:17
Catégorie : Témoignages
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