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Le camp de Moisdon-la-Rivière sort de l'ombre (Annonces)

Article paru le jeudi 10 avril 2008 dans Ouest-France - Edition Loire-Atlantique.
Considérés comme dangereux, les nomades furent surveillés, regroupés et internés derrière les barbelés à  Moisdon-la-Rivière.


Des centaines d'Espagnols et de nomades furent internés à Moisdon-la-Rivière. Leur mémoire sera évoquée, dimanche, en présence du maire et de l'évêque.


Pourquoi cette commémoration. De 1939 à 1942, les anciennes forges de Moisdon-la-Rivière furent un camp d'internement. Dans un premier temps, on y regroupa les réfugiés espagnols, surtout des femmes et des enfants, qui fuyaient les soldats de Franco. Les nomades les remplacèrent à partir du 11 novembre 1940. Considérés comme dangereux, ils furent surveillés, regroupés et internés derrière les barbelés. Des centaines de nomades transiteront dans le bourbier humide de la Forge-Neuve. C'est à ces populations que sera rendu hommage, dimanche 13 avril, à Moisdon-la-Rivière. Présidé par Joël Busson, le comité du souvenir des fusillés a voulu associer toutes les victimes : les Espagnols, les nomades dont la mémoire sera évoquée pour la première fois en ce lieu, et les fusillés du camp de Choisel dont l'un est inhumé au cimetière de Moisdon-la-Rivière.


Le camp en 1941. « Près de Moisdon-la-Rivière, les Romanos devenus sédentaires font l'apprentissage de la vie sociale... ce qui ne les empêche pas de préférer quatre jours de prison à la douche ». Ces termes méprisants sont ceux d'un journal collaborationniste. La réalité est bien différente. Les témoignages font état de conditions de vie éprouvantes dans un lieu sinistre et humide, entouré de barbelés. Une assistante sociale en 1941 : « Si quelques familles, parmi les mieux loties, sont réunies dans une pièce avec quelques paillasses pour s'étendre le soir venu, toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté, où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air. » En mai 1942, quand ferme le camp, 267 personnes encore internées, dont 150 enfants, sont déplacées en wagons dans la Sarthe. Ils seront ensuite dirigés vers Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), lieu de concentration de tous les Tsiganes de l'ouest de la France. Ceux-ci ne retrouveront la liberté qu'en avril... 1946, laissant derrière eux des dizaines de morts, principalement des enfants.


Vigilance chez les gens du voyage. Pour lui, cet hommage n'est qu'un premier pas. Christophe Sauvé voudrait qu'une stèle, sur place, rappelle l'histoire de la Forge. L'aumônier, vice-président de l'association nationale des gens du voyage catholique, reste vigilant. « J'attends de voir comment les gens vont réagir, sur place. » Il espère que cet hommage permettra d'engager un dialogue entre gens du voyage et « gadjés », et d'entreprendre des combats contre les discriminations. « Le carnet de circulation des gens du voyage existe toujours. Comme le montre un rapport de la Haute autorité de lutte contre les discriminations, ces dernières sont aussi fortes aujourd'hui qu'il y a soixante ans. » Et la peur de voir se reproduire cette « déportation intérieure » reste présente dans les mémoires. Ce n'est pas un hasard, fait-il remarquer, si des familles refusent de s'installer au camp de la Fardière, sous le pont de Cheviré. « C'est là que furent rassemblés, contrôlés et fichés des nomades avant d'être envoyés à Moisdon-la-Rivière ».


L'évêque sera présent. Dimanche 13 avril, 10 h, messe en l'église de Moisdon-la-Rivière, en présence de Mgr Soubrier, évêque de Nantes. 11 h. Cimetière : hommage à Raymond Laforge, l'un des 50 Otages fusillés le 22 octobre 1941. À 11 h 45, sur le site du camp de la Forge : allocutions du maire, d'un représentant des associations de gens du voyage, et de Joël Busson, président du comité départemental du souvenir des fusillés de Nantes et Châteaubriant et de la Résistance en Loire-Inférieure.

Marc LE DUC.
Notes de l'auteur de ce site : Un degré supplémentaire dans l’horreur a été accompli par les nazis avec les expériences de stérilisation de petites filles tziganes. Le but était de découvrir les méthodes les plus rapides et les plus efficaces pour stériliser des millions d’êtres humains appartenant aux races "inférieures". 120 ou 140 petites Tziganes furent opérées du 4 au 7 janvier 1945. Les plus jeunes n’avaient que huit ans. C’est ainsi qu’au Block 9 fut hospitalisée une petite fille de douze ans, avec une énorme plaie ouverte au ventre, qui ne cessa de suppurer terriblement. Les médecins et infirmières prisonnières du Revier estimaient que cette plaie correspondait à une hystérectomie. Mais pourquoi la plaie n’avait-elle pas été recousue ? La petite fille mit plusieurs jours à mourir dans d’atroces souffrances. A la libération du camp, toutes ces malheureuses fillettes avaient disparu, vraisemblablement gazées. La photo ci-dessus est celle d'une jeune fille tsigane internée au camp de Moisdon-la-Rivière avant sa déportation à Ravensbrück.
Source : Collège Philippe de Vigneulles (Metz)