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Rappels historiques - L'arrivée en France
Fuyant l’avance des Franquistes, plus de 500.000 Républicains espagnols ont franchi la frontière des Pyrénées en janvier-février 1939 croyant trouver dans la République française voisine un pays fraternel face au péril fasciste. Certes la France accueillit ces réfugiés, mais pas toujours comme il eût été souhaitable.


1. Les surprises de la Retirada par l’Est des Pyrénées

Officiellement, jusqu’au 24 janvier 1939 (Barcelone devait tomber le 26) la France se refusait à imaginer le moindre exode espagnol sur son territoire. Or, en quelques heures, à partir du 25 janvier, les observateurs sur la frontière purent évoquer "un mascaret, une avalanche d’êtres humains" qui franchissaient les limites du territoire français.
Les cordons de gardes républicains mobiles (24 pelotons pour les Pyrénées- Orientales) s’avérant insuffisants pour organiser le tri et maintenir l’ordre, on déclenche le 31 janvier "le dispositif de guerre n° 1" pour récupérer les arrivants et les acheminer vers les points de première concentration. Ce même jour on décide la création d’un camp d’internement à Argelès-sur-Mer destiné aux "hommes mobilisés et soldats clandestins". Il est fait appel à l’armée (14 régiments prélevés dans tout l’hexagone et l’Afrique du Nord avec services d’intendance et de santé militaires renforcés) pour faire face et organiser l’accueil. Par ailleurs, derrière ces premiers cordons militaires, des groupements civils s’affairent en catastrophe : Croix Rouge, organismes caritatifs etc. dont les centres de première urgence s’installent à quelques kilomètres en arrière de la frontière. Les mairies sont sollicitées.

On peut imaginer ce que fut cet exode en évoquant quelques chiffres : au Perthus, par exemple, 50 passages vers la France le 24 janvier, 6 000 le 7 février, tandis que les militaires qui patrouillent sur la montagne « canalisent » chaque jour les réfugiés par centaines et parfois par milliers, accompagnés de troupeaux de bétail, empruntant des passages extrêmement périlleux. En tout, plus de 400.000 réfugiés devaient passer par la frontière de l’Est des Pyrénées dans le cours des trois premiers mois de 1939, et la plupart "déferlèrent" entre le 27 janvier et le 10 février 1939 notamment par "la frontière sauvage".


2. Le problème du "regroupement" dans des camps de concentration

Les aperçus qui précèdent nous permettent de comprendre les imperfections qui purent se révéler dans l’accueil des réfugiés. Passons vite sur les incidents personnels opposant l’inconscience ou l’égoïsme des uns à "la misère spirituelle et matérielle" des autres (voir le colloque de l’Université de Perpignan en 1989 sur Les Français et la Guerre d’Espagne notamment pages 180-181).

Évoquons davantage le problème du regroupement dans "les camps de concentration". Le terme est ambigu depuis la découverte des camps nazis. Les anciens guérilleros qui sont passés par les camps de concentration de l’exode puis par les camps nazis sont les premiers à dénoncer l’amalgame : 10 000 guérilleros ont été déportés à Mauthausen (Autriche) 2 000 sont revenus ! Or, si on évalue à plus de 350 000 les personnes de l’exode espagnol qui ont transité par les camps français de regroupement, on y a dénombré 4 700 morts en deux ans, au total.

Les camps de premier accueil construits à la hâte pour abriter les réfugiés ont été généralement sommaires et mal équipés, mais que dire des premiers jours, ceux "d’arenas i viento" selon le beau titre de l’ouvrage de Juan de Peña (Manolo Valiente), lorsque des trous creusés dans la plage d’Argelès ou du Barcarès étaient les seuls abris contre la tramontane d’hiver ? Au fur et à mesure qu’ils furent aménagés, les baraquements d’Argelès (90 000 hommes), du Barcarès (100 000 hommes) de Saint Cyprien (80 000 hommes), etc. purent garantir, du moins, les réfugiés contre les agressions de la nature. Selon le Professeur Pierre Vilar, seul le camp de Gurs (7 000 hommes) pour des raisons très particulières "approcha du génocide". D’autres camps furent construits notamment à Vernet, et à Sept Fons près de Toulouse.

Par contre les agressions morales et parfois physiques (faim) furent réelles et suffisent à dénoncer ces camps : tri des personnes allant jusqu’à la séparation des familles, inévitable promiscuité, sentiment de claustration, la qualité d’internés mettaient ces réfugiés dans la même situation que des prisonniers. Les barbelés qui séparaient ces malheureux de la liberté française étaient gardés par des troupes coloniales et notamment des spahis qui rappelaient aux anciens guérillerosles moros de Franco. Ces camps de regroupement n’étaient pas des camps de la mort, mais des camps de la honte !

En avril 1939, soit moins de trois mois après l’édification des premiers camps tous les observateurs conviennent que ce qui pouvait être amélioré l’avait été. En juillet 1939, plus de 150 000 internés avaient été libérés et le mouvement devait s’accélérer avec la déclaration de la guerre où l’on admit les guérilleros qui le voulaient à servir dans l’armée française... D’où les terribles représailles quand notre défaite les transforma en otages et non en prisonniers de guerre. La plupart furent alors envoyés dans les camps de concentration nazis où plus de 10 000 disparurent.
Sur le demi million de réfugiés qui avaient quitté l’Espagne de 1936 à 1939, 100 000 environ purent y retourner, 50 000 partirent s’installer en Amérique latine, 300 000 environ s’installèrent en France, dont la plupart définitivement, et enrichirent notre destinée désormais commune.

Date de création : 11/04/2009 @ 20:23
Dernière modification : 11/04/2009 @ 20:24
Catégorie : Rappels historiques
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