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Témoignages - Maryse raconte ses parents |
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En fait, les souvenirs que j'ai de cette époque "la Retirada" sont les récits que mon père a pu me raconter. Ma famille d'origine Andalouse, est venue vivre à côté de BARCELONE, à SAN FELIU SACERES en 1934. Mon frère ainé est né en 1936. La guerre éclate et mon père ainsi que deux de ses beaux-frères partent défendre la république espagnole...
Puis vers la fin de la guerre, les femmes et les enfants se rapprochent de la frontière française, et traversent cette frontière en passant par la montagne. Cette traversée est difficile. Mon cousin se souvient encore, malgré ses 4 ans de l'époque, qu'il était obligé de marcher avec un baton serré entre les dents afin de se protéger du bruit des bombes qui tombaient. Ils se protégeaient en se jetant dans les fossés...
Puis, femmes et enfants arrivent au PERTHUS fin janvier 1939. Sans nouvelles des hommes, les femmes sont dirigées vers le camp d'ARGELES, et de ST CYPRIEN. Puis elles sont transférées par train jusqu'à MOISDON-LA-RIVIERE.
Mon père passe début février la frontière, et est transféré dans le camp d'Argelès, puis de Bram dans l'Aude. Mon père prend enfin connaissance du lieu où se trouve ma mère...
Sept mois après son internement au camp de Bram, mon père se rend à l'infirmerie où il rencontre un de ses beaux-frères qui fait office d'infirmier, et qui a déjà connaissance du lieu où se trouve les femmes : MOISDON-LA-RIVIERE. Ils peuvent enfin s'écrire.
Une anecdote : mon père me précisa que les femmes étaient bien nourries à MOISDON-LA-RIVIERE et même qu'un jour, les conditions d'internement à BRAM étant si difficiles notamment la nourriture, ma maman lui envoya un tranche de saucisson dans une lettre, qui arriva à BRAM quand même, mais toute grasse !
Mon père, afin de faire sortir sa femme du camp, se rapprocha de la région en allant travailler à CHALLET puis à CLEVILIERS, en Eure-et-Loire. Il rencontra le préfet de Chartres qui le reçut très aimablement et en personne. Ce dernier lui conseilla de se dépêcher afin de faire sortir du camp sa famille car les allemands arrivaient. Et c'est ainsi qu'avec l'aide d'une personne qui le transporta jusqu'à MOISDON-LA-RIVIERE en camionnette - nos chemins sont jalonnés de bonnes personnes disait-il - il s'approcha du camp où ma mère et ses belles-soeurs étaient installées contre le grillage, et le virent ainsi arriver. Elles s'écrièrent : "un hombre !", et bien sûr ma maman reconnut son mari, qu'elle n'avait pas vu depuis bien longtemps. Afin d'échapper à la vigilance des gendarmes qui gardaient le camp, ils se mirent d'accord et mon père fit sortir maman et mon petit frère sous les barbelés à minuit.
Mon deuxième frère est le fruit des retrouvailles. Il nacquit en août 1940...
Ils revinrent s'installer prés de la frontière à coté de PERPIGNAN, où mon père trouva du travail. Il aida au maquis local à coté de PERPIGNAN. Il ne retourna jamais en Espagne et ne revit jamais sa mère (L'ABUELITA) qu'il aimait tant et qui retourna vivre en ANDALOUSIE...
Je parle de mon père quasiment tout le temps car lui seul me raconta quelques bribes de sa vie durant la guerre d'ESPAGNE et de leur arrivée en FRANCE. Ma mère n'en fit jamais état. Pas une seule parole, pas une anecdote sur cette époque ne sortit de sa bouche.
Date de création : 12/08/2009 @ 18:00
Dernière modification : 11/09/2011 @ 16:22
Catégorie : Témoignages
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