Dans le canton de Moisdon la Rivière, et sur plusieurs sites autour de Châteaubriant, du minerai de fer était exploité, depuis plusieurs siècles avant notre ère, pour une production directe de fer dans de petits fourneaux au charbon de bois disséminés dans les forêts couvrant le pays; des restes de fourneaux et d'énormes tas de scories de fer en forêts sont les témoins de cette activité millénaire.
A la fin du Moyen Age, les forges à bras furent remplacées par des hauts fourneaux activés par soufflets mus par moulins à eau; ces fourneaux plus grands, plus ardents, plus efficaces, produisaient un fer gâté, surchargé de carbone et d'impureté, qui s'écoulait en fonte, moulée en gueuses, à la base du haut fourneau : il fallait transformer le fer fondu, raide et cassant, en fer forgeable, ployant et tenace. La fonte fut alors affinée dans des forges hydrauliques opérant une refonte décarburante des gueuses suivie d'un martelage à chaud du fer doux encore spongieux, pour en assurer l'homogénéïté et en exprimer le laitier.
Ce type de forge apparut en pays liégeois à la fin du XIVème siècle et, s'améliorant, se répandit en France surtout au XVIème siècle. Dans notre région, après la Poitevinière à Riaillé, plusieurs autres forges furent créées au XVIIème siècle.
En 1668, le Grand Condé mit en valeur les forêts de sa baronnie de Châteaubriant en faisant construire de grandes forges par de riches bourgeois, négociants et entrepreneurs : René Saget construisit à Moisdon la Rivière une grande forge moderne aux ateliers disposés fonctionnellement sous une forte retenue d'eau de force motrice. Elle se compose d'un fourneau double à canons, produisant des boulets, du lest pour navire, des plaques foyères, des chaudières, des marmites et autres objets de fonte moulée, une forge d'affinerie pouvant transformer la fonte en barre de fer, le troisième atelier étant une fenderie, sorte de laminoir qui permettait, pour certains usages, de refendre les barres en baguettes ou verges.
La modernité de cette disposition est clairement visible à la Forge Neuve de Moisdon-la-Rivière. Les fondations des usines sont mises à jour et depuis le site public on voit de magnifiques halles à charbons de bois, les maisons d'ouvriers, et sur le domaine privé, la maison et le manoir des maîtres de forge, la chapelle Saint Eloi, le potager, les magasins, la boulangerie...
Ce type de forge marque une étape dans l'évolution de la sidérurgie et servit d'exemple aux autres forges comme on peut le voir sur l'Encyclopédie de Diderot : se poursuivant en Angleterre, l'évolution de la sidérurgie fut l'élément essentiel de la Révolution Industrielle.
Le Prince de Condé ayant émigré au début de la Révolution, la Forge Neuve devient Bien National dirigé en 1793 par François Demangeat alors directeur de la fonderie de canons de marine d'Indret. Pour la Forge Neuve, il sera aidé à la direction par Augustin Rocher et Perrine Lainé, qui travailleront pour l'armement de la République.
A la Restauration, la Forge Neuve est restituée aux Condé mais est toujours dirigée par la famille Demangeat jusqu'en 1851, puis rachetée par le maître de forge Auguste Garnier, et par les forges de Basse Indre, près de Nantes. Elle fournit sa dernière fonte en 1869.
Les nombreux documents du château de Chantilly, avec les archives nationales concernant les forges de Moisdon-la-Rivière et autres forges de la région, ont permis une étude des "Forges du Pays de Châteaubriant" par les Affaires Culturelles; un livre et une exposition dans la grande halle de la Forge Neuve de Moisdon en font l'objet.
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