Le site de la Forge Neuve de Moisdon-la-Rivière

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Différents âges (Un peu d'Histoire)

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La forge Neuve

FER - FONTE - ACIER


Les Forges battent la mesure de notre Histoire

L'âge du fer :

Maillon fort de notre évolution, l'âge du fer débute vers 1700/1300 ans avant J.C.* au Moyen Orient et se répand en Europe à partir de -900. Le fer est reconnu à Hallstatt (Autriche) vers -750, ensuite près des côtes atlantiques le fer bouleverse une riche culture métallurgique du bronze, le dépôt de fondeur de bronze trouvé à Moisdon* en 1913 s'ajoute aux nombreux dépôts de"haches"et autres objets dévalués de cette fin de l'âge du bronze. Les armes, outils et pièces mécaniques de BRONZE* sont incomparables aux qualités tranchantes du FER doux ou aciéré, alliant résistance et légèreté, les minerais de fer de surface sont alors abondants et faciles à extraire.

Durant plus de deux millénaires les FORGES nommées plus tard renardières, forges à bras, bas fourneaux, ou forges volantes produisent du fer dans de petits fourneaux au charbon de bois : une charge de minerai oxydé, additionnée de fondant calcaire dans la fournaise de charbon de bois, nécessite une longue* combustion réductrice en fourneau fermé, des tuyères plus ou moins ouvertes assistées parfois de soufflets, règlent l'admission d'air : les impuretés du minerai, fondues en laitier, s'épanchent partiellement, des gaz s'échappent, quelques kg de fer sont obtenus sous forme d'une fusion pâteuse et spongieuse, alchimie pétillante à l'odeur volcanique et éclat fulgurant : la loupe est martelée à chaud pour en exprimer un liquide de scories étincelantes. Des incantations méthodiques, des gestes rituels, doivent accompagner le processus et solliciter une fécondation bénéfique, la foi du forgeron est celle du charbonnier. Avant chaque saison de fondage les fourneaux sont réparés, refaits, déplacés selon besoins.

Le fer doux produit, "fer à nerfs" plus ou moins homogène, se forge et se soude à merveille*. De régions en régions l'Europe, fer de lance de l'industrie mondiale, évolue vers une sidérurgie moderne. Jusque dans les années 1960*, du fer était encore produit dans de petites forges à bras en Afrique* et en Inde*.Pour une démonstration en janvier 95 onze forgerons Dogon du Mali se réunissent pour réduire 242 kg de minerai de fer dans un fourneau haut de 2,30 m qui "accouche"de 69 kg de métal (film INAGINA, http://archeo.unige.ch/inagina/ au "livre d'or" par l'université de Genève)*. Ce fourneau parait plus évolué (2,30 m de haut) que ceux utilisés dans la région au 15ème siècle. Malgré des conditions et des matériaux différents, les techniques et la vie sociale de ces derniers artisans producteurs de fer permettent certaines comparaisons historiques.


La Gaule romaine :

Jules Cesar, dans sa "Guerre des Gaules", est interloqué par la supériorité des Celtes à produire les nombreuses ferrures consolidant leurs "murus gallicus"* de fortifications ou à assembler les énormes vaisseaux vénètes par des liaisons de fer et à forger des chaînes* d'ancres pour leurs assurer des mouillages prolongés. Dans notre région un minerai de surface suffisamment riche, facile à extraire, facile à préparer et facile à réduire, alimente une activité sidérurgique précoce (-400?) , les nombreux tas ferriers* de scories sont les témoins de cette très ancienne activité* métallurgique. Les scories sont composées d'environ 25% de silice, 8% d'alumine, 1% de chaux et encore au moins 50% d'oxyde de fer ; avec la croissance des consommations viendra la notion d'efficacité, mais la première question du fer était : "en avoir ou pas ?". Certains ferriers ont été arasés lors de la mise en culture des emplacements, et les scories sont encore employées en empierrements ou remblais, d'autres tas ont été réutilisés dans des hauts-fourneaux du début du siècle (inventaire L. Davy). Il reste encore des milliers de tonnes dans les zones minières et forestières. Peu éloignés de la Forge Neuve des restes de vieux fourneaux peuvent être retrouvés : La Feuvrais (Erbray), La Forêt Pavée et Goislard (Moisdon), Noir (Meilleraye) où un ferrier de 4500 tonnes a été arasé*.

Les Armoricains résistent à la conquête franque, le pays de la Mée autour de Moisdon, pays médian de plusieurs peuplades gauloises, sera une marche bretonne face aux frontières françaises*.


Le Moyen âge :

Au 11ème siècle les "arts mécaniques" se développent à partir du moulin à eau, le"MARTINET"*à fer permet sur certains sites favorables d'Europe, de cingler la loupe à l'aide d'un marteau actionné par des CAMES sur l'arbre d'une roue hydraulique (moulin à fer, feu biscayen, renardière*). Autour de Châteaubriant de telles installations n'ont pu être datées précisément, mais certaines forges forestières contiguës à des étangs aménagés peuvent laisser supposer l'existence d'anciennes forges hydrauliques.

Les rares textes faisant état de forges régionales datent des 11ème et 12ème siècle : à la Poitevinère (Riaillé) et à Chahun (Sion) en 1146*. L'activité des fèvres ou férons est permise et encadrée par les maîtres du sol, seigneurs ou instituts et ordres religieux. On voit en 1214 le baron de Châteaubriant, Geoffroy III, donner le bail d'une forge ambulante dans la forêt de Teillay (I&V), au couvent des bénédictines de Saint Malo de Teillay*.

En Bourgogne les moines cisterciens ont pu développer l'exploitation sidérurgique et en apprécier les bénéfices*; par contre en Normandie, où la sidérurgie était très active dès le 11ème siècle : "des textes nombreux et précis permettent d'assurer qu'au XVème siècles les abbayes ne jouaient aucun rôle dans une sidérurgie pourtant très active"*(M Arnoux). Les archives ne laisseront rien percevoir de l'apprentissage technologique de ces maîtres du sol : les ingénieux fèvres, habiles taillandiers, prestigieux armuriers puis couturiers de la cotte de mailles, sont très demandés, privilégiés, mais aussi craints et marginalisés; leurs héritiers, les férons, se déplaçant suivant les ressources ou s'appuyant sur un droit d'usage régional codifié, sont les gardiens du savoir-faire des forges volantes* : en 1404 "nul ne soit du mestier de Faire le Fer, exceptez les filz des Ferrons"*; "gens hirsutes et de moeurs primitives" (LA compte de 1401)*, l'homme des bois était "maître chez lui".

Les baux de ces forges grossières, basés sur un fermage de charbon de bois, tiennent compte du type de forge et de sa production en fer brut ou en fer ouvré : "forges à faire poêles, fers de charrues, broches et landiers"*, dites localement dans les comptes de la Poitevinère (Riaillé) forges paellières, sochières ou paronères et aussi la forge du maréchal "aferrer les chevaulx". Les fermages sont alors, en 1465, d'environ 35 £ivres (700 sols) par an pour les forges sochières, 12 £ivres (240 sols) pour les paellières, 90 sols pour les paronères et 25 sols pour la forge du maréchal (selon C. Herbaut). A cette époque les armuriers, taillandiers, claveuriers et autres fèvres de Nantes s'approvisionnent surtout en fers d'Espagne* (Biscaye), arrivant facilement par la mer (1372/1494 contratacion Nantes/Bilbao)* et de meilleur qualité que le fer breton. Vers la fin du 14ème siècle, ou après selon les régions de France, une grave crise va toucher le commerce et la production des forges volantes malgré la résistance de cette production directe* à la mutation en procédé indirect*.

© Georges Vanderquand (2000)